L’œuvre poétique de François Muir s’impose progressivement au sein de la création poétique contemporaine. cette œuvre est celle d’un auteur mort jeune qui se sera consacré avec une obstination démesurée à son travail poétique.
Toi, l’égaré s’inscrit dans le droit fil des deux livres précédents, le Jeûne dans la vallée et l’Infamie de la lumière, parus dans la même collection. Bien que très sensible au rythme du texte investissant de manière discrète le lyrisme de sa langue si manifestement distincte de toute autre poésie, le lecteur ne trouvera rien de ce qui peut ressembler à des stéréotypes, rien de conventionnel non plus dans ces textes. Leur force tient à la détermination de l’auteur à creuser le champ de l’expérience humaine pour le conduire jusqu’à un basculement vertigineux dans les questions les plus intimes, dans les matières primordiales de l’existence. L’enjeu majeur de cette poésie n’est alors plus une simple transposition de l’immédiateté de ce qui peut être noté, mais les débordements auxquels la parole, sur la base de ce qui est donné dans l’expérience de la vie, peut parvenir à faire voir et sentir. Nous sommes en présence de véritables avalanches poétiques alors que chaque texte éprouve cette liberté d’expression et trouve place en chaque vers. Les risques que l’auteur aura pris tout au long de son existence l’auront conduit aux limites de la vie et de l’écriture poétique.