
La célébrité de Manneken-Pis est inversement proportionnelle à sa taille… Mais qui connaît la véritable histoire de cette petite statuette tendre et irrévérencieuse qui, depuis des siècles, incarne l’esprit de Bruxelles ?
Son histoire remonte à la fin du Moyen Âge. Un texte administratif relatif au réseau des conduites d’eau alimentant les fontaines publiques bruxelloises mentionne en 1451 l’existence d’une fontaine, daer dmenneken pist (« là où l’enfant fait pipi »), à l’angle des rues du Chêne et de l’Étuve. Cette première statue, probablement en pierre, est remplacée en 1619 par celle que nous connaissons actuellement, l’œuvre baroque, en bronze, de Jérôme Du Quesnoy l’Ancien (vers 1570–1651).
Dès son origine sans doute, Manneken-Pis fait l’objet d’un attachement singulier de la part des Bruxellois. Ils le considèrent comme l’un d’entre eux. L’attaquer, c’est leur porter atteinte. La ville est-elle en danger ? C’est Manneken-Pis qui réplique ! Lors du bombardement de 1695 par exemple ou durant les deux guerres mondiales, son image est utilisée pour manifester l’esprit de résistance face à l’agresseur du moment. Dans des temps moins dramatiques, son geste, somme toute bien naturel, est utilisé pour railler gentiment l’autorité, les règles de bienséance et la pudibonderie.
Autre phénomène étonnant entourant la statuette : sa garde-robe. Celle-ci compte actuellement près de mille costumes. Le plus ancien attesté remonte à 1615. Le plus ancien conservé, offert par Louis XV, date de 1747. Manneken-Pis est probablement la seule statue au monde à posséder pareille collection. Partie intégrante du folklore bruxellois, elle s’enrichit chaque année d’une vingtaine de nouveaux costumes.
Édition trilingue français, néerlandais et anglais.
Les auteurs
Thérèse Symons et Isabelle de Pange sont historiennes de l’art. Catherine Gauthier, Jean-Luc Petit et Gonzague Pluvinage sont historiens. Tous font partie du personnel scientifique et éducatif des musées de la Ville de Bruxelles et sont auteurs de nombreux livres sur l’histoire et le patrimoine de Bruxelles.
Géraldine Patigny est historienne de l’art. Elle est attachée à l’Institut du Patrimoine artistique (IRPA) et doctorante à l’Université libre de Bruxelles. Elle consacre sa thèse à Jérôme Du Quesnoy et à son fils.
Roel Jacobs est juriste de formation. Sa passion pour l’histoire l’a amené à devenir auteur et conférencier, spécialisé dans l’histoire de Bruxelles.