La littérature a toujours été attentive à l’évolution technologique. La révolution de l’informatique, de la cybernétique, de la médecine, des sciences du vivant, de la physique et des technologies industrielles, de la robotique et de l’intelligence artificielle a ouvert un champ d’investigation presque illimité tandis que les réseaux dits « sociaux » ou l’industrie pornographique fonctionnent sur le mode des machines célibataires, dont le sculpteur dadaïste Marcel Duchamp fut le précurseur. De l’homme-machine de Descartes et La Mettrie, on est aujourd’hui passé à la machine-homme de Deep Mind, filiale de Google. Dans Radical machines, Éric Brogniet se saisit de ce champ conceptuel et nous donne une œuvre inquiétante et fascinante.
Éric Brogniet, né à Ciney en 1956, est l’auteur d’une vingtaine de livres, parmi lesquels Le feu gouverne (prix Max-Pol Fouchet 1986), Dans la chambre d’écriture (prix Maurice Carême 1997), l’Atelier transfiguré (prix Louise Labé 1994), la trilogie : Autoportrait au suaire, Ce fragile aujourd’hui, Ulysse errant dans l’ébloui, ou encore À la table de Sade. Auteur de performances scéniques (Nos lèvres sont politiques, avec le guitariste Steve Louvat), No Human Project (avec le groupe rock Arthur Rain), il est aussi un critique et un analyste respecté des écritures poétiques. Il a été élu en 2010 à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, où il succède à Fernand Verhesen.