Être Barbarella, c’est d’abord et avant tout être une femme. Une femme libre et indépendante, émancipée et aventurière, séduisante et fascinante, pleinement inscrite au cœur des mouvements des plus avant-gardistes de son époque, les sixties. Dessinée par Jean-Claude Forest dès 1962 à partir de la plastique, elle-même révolutionnaire de Brigitte Bardot, incarnée au cinéma, de manière immédiatement légendaire, par Jane Fonda pour la caméra de Roger Vadim en 1968, Barbarella brise les tabous comme les images stéréotypées de pin-up de la bande dessinée et du cinéma. Fille de l’espace, elle est aussi une fille de son temps, qui traverse à toute vitesse les galaxies et les récits les plus fantasques de la science-fiction comme les problématiques des plus cruciales de la fin du XXe siècle : l’éthique et l’érotique, la liberté des corps et des esprits, l’antispécisme et le transhumanisme, l’urgence écologique et la critique des modes de gouvernance. Ambassadrice de la paix, Barbarella fait l’amour plutôt que la guerre : sa conquête spatiale est celle du plaisir, son odyssée, sauvage et impromptue, ouvre le champ de tous nos possibles.
Véronique Bergen est licenciée en philologie romane et en philosophie de l’Université libre de Bruxelles et docteur en philosophie de l’université Paris 8. Membre de rédaction de la revue Lignes, elle travaille à l’interface de la philosophie, du roman et de la poésie. Ses travaux philosophiques portent notamment sur Deleuze, Badiou, Sartre et elle est l’auteur d’un essai sur Jean Genet. Collaboratrice de plusieurs revues littéraires et artistiques, elle est aussi l’auteur d’une œuvre poétique et romanesque abondante publiée chez divers éditeurs.