
Voilà donc le début de ton prochain roman ? Vas-y, Hugo, fonce !
Journaliste et romancier, Hugo a l’habitude de s’installer à la brasserie Le Relais pour y rédiger sa chronique hebdomadaire, Et si l’on en parlait.
Ce matin-là, une inconnue l’intrigue. Par sa commande – « Un café et deux bières » – et par un carnet noir, tout pareil au sien, qu’elle ouvre et referme sans arrêt, comme si elle avait la velléité d’y écrire mais n’y parvenait pas. Ils lient connaissance et Maud, l’amie à qui Hugo narre sa rencontre, l’incite à prendre cette femme comme personnage.
Mais au fur et à mesure qu’Élia se laisse entrevoir, des coïncidences troublantes se tissent entre son enfance et celle de Hugo. Coïncidences sur lesquelles le père de celui-ci, qui s’éteint dans une maison de retraite, ne peut plus jeter que de vagues lueurs.
Est-ce la vie qui s’insinue dans la fiction ou la fiction qui s’infiltre dans la vie ?
Extrait
Elle retira de son sac un objet emballé dans du papier de soie.
– C’est un cahier d’écriture ?
– Non. L’illustration d’un rêve que je fais régulièrement depuis que je suis toute petite.
– Vous tenez vraiment à me le montrer ?
– C’est particulier, mais je sais que vous êtes réceptif à ce type de langage.
Il ôta l’emballage avec précaution. À l’intérieur, un carnet renfermait des croquis exécutés au crayon.
Tandis qu’il feuilletait, l’un d’eux soudain provoqua en lui une émotion intense. Il pâlit.
« Quelque chose vous dérange ? »
Il mit du temps à répondre, incapable d’exprimer ce qu’il avait éprouvé à la vue de cet arbre solitaire au milieu d’un champ, qui remuait en lui quelque chose d’important.
Reprenant son contrôle, il prononça, comme pour mieux contenir les pensées qui se bousculaient : « Cet arbre est magnifique !
– Je savais que vous seriez sensible à son langage.
– Ce qui est surprenant, c’est qu’il déclenche en moi une sensation de déjà-vu.