• Sous-titre:
  • Auteur(s): Naji Habra
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Roman
  • Péritexte:
  • Format: 14.8 x 21 cm
  • Nombre de pages: 232 pages
  • ISBN: 9782807005341
  • Parution: Octobre 2025
  • Prix: 22 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Sept scouts qui ont quitté leur Damas natal vers des pays différents se retrouvent quarante ans plus tard pour quelques jours de tourisme dans la baie de Naples. Ils y évoquent les souvenirs communs d’un pays qui n’existe plus. Peu à peu, les moments potaches laissent émerger des questions plus intimes : le sens de la réussite, le prix de l’intégration, l’identité, l’engagement, la lâcheté, la transmission…
Le titre du livre fait à la fois référence à une célèbre chanson de Feyrouz et à un huitième scout qui a refusé toute compromission avec le régime d’Assad et dont la bande a perdu la trace.
Oscillant entre légèreté et gravité, Chadi est perdu aborde l’exil sous l’angle inhabituel de l’intégration aux différentes étapes de la vie. Mais peut-être les sept récits entrecroisés ne sont-ils que des variantes d’une seule et même histoire : la quête impossible de l’innocence perdue ?

Extrait

On pourrait difficilement ne pas les remarquer… et surtout les entendre. Le couple de sexagénaires semble amusé. Surtout Madame. Des Américains, au vu de l’accent et la tenue. Lui, chauve et rougeâtre, chemise hawaïenne sur short beige et sandales en cuir, de celles que l’on vend partout dans les échoppes touristiques. Elle, brune, cheveux noirs très bouclés, lunettes épaisses, robe d’été fleurie et sandales identiques. À la fin du repas, Madame, l’air intrigué, se lève et se dirige timidement vers la bande. Elle les aborde en s’excusant, en anglais d’abord,
Are you from Damascus ?
Au vu de l’acquiescement général, elle passe à l’arabe en parlant de El-Cham, le nom intime de la ville. […]
Le groupe apprend que Madame fait partie de la communauté juive de Damas. Une communauté installée depuis la nuit des temps dans la vieille ville, à côté des autres minorités. […] L’école d’Esther jouxtait celle des frères où était scolarisée la bande. Les entrées se faisaient par des ruelles différentes. Mais les cours de récréation, à l’arrière des bâtiments, étaient côte à côte, séparées par un mur de plusieurs mètres de hauteur. Esther connaît l’histoire du garçon qui monte sur les épaules d’un autre monté sur les épaules d’un troisième pour lorgner le cours de gym des filles. Le récit a circulé en plusieurs versions et s’est transformé en légende. Des couches s’y sont ajoutées au fur et à mesure : des chutes, des bras cassés, des clavicules déboîtées, une échelle qui sort d’on ne sait où et une irruption du préfet.