Quand Brady Nosenko débarque dans la classe de Camille, l’élève sage est fascinée par le grand roux abrupt et solitaire. Brady vit dans une caravane sur un terrain vague, avec son aîné Oscar, porteur d’un handicap mental. Malgré son passé judiciaire, ses relations inquiétantes avec Jim l’empailleur et Marita la prostituée, sa mère internée dans un institut psychiatrique, son désir de s’engager pour l’Ukraine, pays d’origine de son père, et une hypothétique liaison du jeune homme avec Hortense, la seule amie de Camille, Brady est l’homme de sa vie. Et la jeune fille de transposer son amour, ses doutes, ses questionnements, dans un roman en cours d’écriture…
Existe-t-il des morts qui soulagent et des mots qui libèrent ?

Extrait

Des bidons de plastique remplis d’eau, des outils de fortune à moitié rouillés, des cartons et des sacs-poubelle encerclaient une caravane rafistolée. Un panneau de bois bancal indiquait : Le trou perdu. Une chaise roulante recouverte d’une bâche de plastique traînait juste à côté de la porte de cet habitat plus que léger. Sa planque, comme il l’appelait, n’était accessible par aucun autre chemin que celui que nous avions emprunté. Quand le nouveau quartier serait achevé, il serait temps pour eux de déguerpir et de trouver un autre endroit calme et discret aux portes de la ville.
Sans un mot, en seigneur faisant les honneurs de son château, Brady s’est incliné cérémonieusement. Son bras s’est allongé pour m’inviter à entrer. À l’intérieur, des relents acides de transpiration, de tabac refroidi, d’aliments cuisinés et de pétrole m’ont prise au nez. Des mots incompréhensibles sortaient d’une des deux banquettes reconvertie en lit. Je voyais des cheveux hirsutes et roux dépasser des petits carrés crochetés multicolores d’une couverture bonne-maman.
– Je te présente Oscar, mon diable de frère !