
Nous avions vingt ans et chacun, nous vivions notre rêve
Et dans ce rêve, il n’y avait que nos deux corps mêlés
Boris Vian
Deux étudiants à la Sorbonne deviennent inséparables et passent leur temps à hanter cinémas et boîtes de jazz, à lire et à jouer au flipper, à se dire tout sur tout – amours incluses. Fantasque et bouillonnant, Marco, étudiant Erasmus originaire de Bologne, déchante vite devant la monotonie des cours mais adore Paris. Son complice, le narrateur, travaille à temps partiel chez un vieux libraire ; plongé dans ses bouquins, celui-ci déteste être dérangé mais aime entretenir le jeune homme de la toute-puissance de la littérature.
Les aventures des deux amis témoignent d’une soif de vivre insatiable, magnifiée par la rencontre fulgurante du narrateur avec Claire. Claire ressemble à ces « beautés célestes à l’intelligence vive que l’on admire dans les comédies, ces héroïnes à la répartie fine dont on cherche en vain les défauts ». Aussitôt l’ennui du narrateur sur les bancs de la faculté de droit se mue en euphorie, tandis que son compère continue d’explorer le cœur et le corps des femmes. Commence alors une partie à pas chassés, presque du ballet, où le marivaudage et l’érotisme cèdent, l’air de rien, à une tension dramatique croissante, jusqu’à son dénouement aussi inéluctable qu’inattendu.
D’un classicisme revu aux couleurs du contemporain, l’écriture rythmée de Benjamin Taïeb nous régale de descriptions précises, au vocabulaire d’une grande richesse ; pris dans le tourbillon d’un Paris idéal, ses personnages se mettent à vivre sous nos yeux, entre grâce et passion.