L’écriture aphoristique adoptée par Vincent Poth situe d’emblée son recueil dans des zones exploratoires où poésie et philosophie se rencontrent jusqu’à se nouer. Aléas sans amarre délivre des aphorismes qui, s’autorisant d’eux seuls, doublent l’assertivité par la corrosion du doute […]
Par l’analyse sans concession des mécanismes, des sortilèges de l’esprit, l’ambition de l’auteur fait songer au Monsieur Teste de Paul Valéry. Rien d’éthéré, aucun icarisme coupé de la chair cependant : les soubresauts, les pulsions du corps, l’empire de la perception, des sensations, les facultés sensibles percutent un texte qui n’archive pas les territoires du vivre, de l’aimer, de l’écrire mais les arpentent au plus nu.
— Véronique Bergen, extraits de la préface.

Extrait

À prendre sans cesse le contre-pied des idées reçues, on en vient à user le talon de sa propre pensée.

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Mon visage en a toujours tant dit sur ma personne que je ne m’y suis jamais vraiment reconnu.

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Le problème avec la plus haute virtuosité en art, c’est qu’elle rejoint par moment la perfection des machines.

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J’avais pour habitude de m’élancer parmi les mots, en jongleur littéraire amoureux de l’accent, en acrobate au grand sourire, en dresseur avisé – surtout ! Aujourd’hui les mains tremblent, le vertige me désarme, et je suis l’animal : au fouet de la plume.