« C’est une petite chose, parfois c’en est une grande. C’est un truc qui vient d’on ne sait où, et qui va où l’on va. C’est un machin, aussi, dont on peut tout aussi bien dire que c’est n’importe quoi – sans qu’on puisse affirmer catégoriquement qu’il ne s’agisse de rien. À l’intérieur ? Un vrai bazar, foutraque, toutefois mieux fait qu’il n’y paraît. C’est moins réfléchi que pensé, moins pensé que senti, moins senti que vécu et bien moins vécu que vivant. D’ailleurs, c’est déjà mort. C’est ténu, à tel point qu’on peut l’écouter sans l’entendre. Et lorsqu’on le traque il s’échappe, lorsqu’on l’attrape il s’évanouit. C’est une farce, une autre raison de rester endormi, une façon de partir éveillé, et c’est avant tout ce pourquoi je suis debout, ici, c’est-à-dire n’importe où, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, par n’importe quel temps. »
Pascal Leclercq est né à Liège en 1975. Poète, il cultive depuis quelques années le dialogue avec des artistes plasticiens (Jac Vitali, Paul Mahoux), des architectes (parmi lesquels Pierre Hebbelinck) ou encore la styliste Céline Pinckers. Il a traduit de l’italien le poète Andrea Inglese et le romancier Alessandro De Roma. Il a également publié trois polars (la série MarzietOutchj, Coups de tête, Montréal). Enseignant, il a développé sur les hauteurs du faubourg Sainte‑Walburge l’atelier d’imprimerie de l’école Léopold-Mottet et les ateliers Poésie Pur Porc. C’est au sein de ces derniers qu’il a lancé, avec le poète Karel Logist et les plasticiens Laurent Danloy et Paul Mahoux, la revue Boustro.