Dans ce roman-essai, Kenan Görgün fait la part belle à ses origines et raconte sa quête identitaire et la difficulté de se construire en tant que fils d’immigrés, à l’intersection de deux cultures. Par le biais de l’histoire de ses parents, « travailleurs invités » arrivés en Belgique à la fin des années 1960, il décrit la douleur et l’ambivalence de l’exil et, à travers son histoire à lui, raconte sa difficulté de se sentir ni tout à fait belge ni tout à fait turc. L’auteur interroge la communauté turque dans son rapport à la tradition, à la sexualité, au mariage, et emmène le lecteur dans ses questionnements et ses tentatives de lier modernité et tradition. Son témoignage singulier touche à l’universel, tant le déraciné est devenu, en l’espace de cinquante ans, le personnage principal d’une tragédie qui concerne l’humanité entière et nos démocraties.
Kenan Görgün se définit comme un étranger de partout. Citoyen d’Occident ayant ses racines dans un petit village anatolien, il faut chercher après lui dans ses écrits : romans, nouvelles, pièces de théâtre, scripts pour le cinéma, chansons pour groupes de rock,
journalisme gonzo dans les coulisses de la culture. Avec ce roman séminal, il pousse encore plus loin le brouillage des frontières et des identités et cosigne une œuvre littéraire avec « Yadel », un auteur qui existe et n’existe pas, qui est Kenan et surtout son alter ego, empruntant à partir d’ici les chemins de traverse de sa propre aventure romanesque, avec des textes qui seront (et ne seront pas) l’œuvre de Kenan Görgün.