Passant outre bord, par quelle tension le corps de l’homme adresse-t-il ses muqueuses internes à la voûte du ciel ? Méditation poétique et critique sur deux œuvres majeures d’Anish Kapoor, Marsyas et Memory, cet essai littéraire est ponctué par « séquences » ou « fusées » au sens baudelairien du terme. D’où le propos rayonne vers d’autres réalisations de l’artiste. Le chant, le souffle, l’espace sacrificiel, la mémoire rendent sensible ce que l’œuvre de Kapoor nous fait connaître de la condition humaine. Sous-tendu par des liens à la source hindouiste, une des racines d’Anish Kapoor, l’écrit de Daniel Klébaner est étayé par des analyses critiques liées à l’histoire de l’art, une mise en regard du Marsyas de Kapoor avec le Supplice de Marsyas du Titien, par exemple, ou une réflexion sur le monochrome et la couleur, convoquant Yves Klein, Morris Louis…
Daniel Klébaner (1949-2011), philosophe, essayiste et historien d’art, s’est consacré à son activité d’écrivain et de critique d’art, à travers laquelle il mena pendant plus de trente ans une recherche personnelle et inclassable. À travers ses articles et près d’une vingtaine d’essais qui ensemble constituent une œuvre puissante, il vise à dégager les catégories éthiques de l’esthétique. Son premier manuscrit est remarqué en 1978 par Roger Caillois. Il reçoit alors les encouragements de Michel Leiris, qui le cite dans son Journal. Dix ans plus tard, son œuvre est reconnue par Marc Le Bot, Gilbert Lascault et Louis Marin. Il a collaboré à un certain nombre de revues de renommée internationale telles que la Nouvelle Revue française (sous la direction de Georges Lambrichs), Traverses (Centre Pompidou, musée national d’Art moderne) et Théodore Balmoral. Il est l’auteur d’une quinzaine de livres.