Avant sa mort, Gaston Compère, immense auteur belge, a confié à maelstrÖm ce roman inédit.
Roman de voyage, roman initiatique, dans lequel il règle ses comptes avec les religions, la philosophie, la politique, le syndicalisme, les médias, le machisme et un certain féminisme, la famille, mais surtout avec la psychanalyse.
Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il les règle avec verve et virulence. Entrons donc brièvement dans le vif du blanc de la nuit.
Nous y rencontrons Agathe, jeune femme insoumise, cultivée et sensible, qui dévoile son histoire d’insoumise. Nous suivons cette femme attachante, profondément triste et en colère à la fois, dans sa fuite d’Europe en Inde, d’où elle écrit des lettres à son oncle — lettres dans lesquelles elle cerne lentement les tréfonds de son âme mutilée et commente impitoyablement l’état du monde contemporain — dans un style fulgurant qui mêle virtuosité musicale, humour mordant, désespoir enjoué et volonté de vivre ; de revivre à travers l’écriture. Aussi éloigné que possible de l’hypocrisie, du mensonge et de la bêtise humaine sous toutes ses formes. Et ainsi Agathe nous fait fiévreusement parcourir des couloirs d’hôtels et des routes du subcontinent indien, en parcourant l’itinéraire inverse du héros du Nocturne indien d’Antonio Tabucchi — jusqu’au dénouement, qui pourrait se résumer dans une paraphrase de ce cher Jean-Sol Partre : la géhenne, c’est autrui.
Gaston Compère (Conjoux 1924-Bruxelles 2008) est l’un des auteurs belges les plus importants et prolifiques de son époque. Poète, nouvelliste, romancier, auteur de théâtre, essayiste… plus de 80 ouvrages dont Portrait d’un roi dépossédé (Belfond, Prix Rossel 1978), Je soussigné Charles le Téméraire, duc de Bourgogne (Belfond, 1985), Bloemardinne ou du séraphique amour (Les Éperonniers, 1991), le Serpent irisé (Édifie/Maelström), Polders (Édifie/Maelström, 1998). Auteur intarissable, auteur de l’excès, Compère est également auteur de silence, savant alchimiste du verbe et de l’esprit, poète du génie de l’homme et de ses insuffisances. Il a reçu plusieurs prix littéraires dont, en 1989, le Grand Prix de littérature de la francophonie. Une figure calme, dense et apaisante des lettres francophones, un homme pour qui le mot « amitié », devenu trop faible dans certains cas, a forgé pour les plus intimes celui d’« amouritié ».