Dès l’ouverture de son livre, l’auteur prévient son lecteur en citant en exergue la poétesse espagnole Chantal Maillard : « De nos jours, ne semblerait trouver de place une poésie autre que celle qui dit la faim. Et la terreur. La désolation et l’étrangeté. Qui les disent afin que nous nous y retrouvions. » Cette suite de poésies de Sala-Valldaura intitulée Bouleversements est d’une seule tonalité. Mais celle-ci se métamorphose dans un prisme de la langue de telle manière que les motifs se complexifient, que les correspondances et les superpositions s’affirment selon des perspectives infinies afin de mieux embrasser le réel. Elle se donne comme une conscience mise à nu puisque désemparée face à un monde qui nous laisse non seulement sans refuge mais tout autant étranger à soi-même. Dès lors, où accueillir le monde à l’intérieur de soi ? L’auteur cherche à faire entendre les intempéries du temps et de l’espace habités, inhabitables, toute matière dont l’énigme reste entière. Et pourtant, cette poésie résiste, même farouchement, à toute perte de sens et de soi. Elle dit son refus en s’attachant aux lignes de fracture au coeur de la vie, non pour apaiser, mais bien pour engager plus de lucidité s’il est possible encore.
Poète, critique littéraire et traducteur, Josep M. Sala-Valldaura est détenteur d’un Doctorat en Lettres Romanes Hispaniques de l’université de Barcelone. Il enseigne la littérature espagnole moderne et contemporaine à l’université de Lleida. Son travail littéraire comprend une quinzaine de recueils de poésie dont plusieurs furent primés.
Il a publié plusieurs livres sur le théâtre du XVIIIe siècle et sur la poésie catalane et espagnole actuelles