Poésie, la parole qui garde traces parce que dite avec peu de mots, assurant ainsi l’éclat de ceux-ci, refusant de céder à quelque exubérance allusive ou approximative, pour s’attacher à la précision de leurs rapports, à l’accord de leurs parcours. C’est aussi, sans doute, que chaque instant rendu est chargé à la fois d’imprévisible et d’illimité, que leur saisissement est soumis à des déplacements continus bien que souvent convergents : toujours ailleurs / le regard // attendu // au fond des yeux. La netteté des textes qui composent Caisson de Stéphanie Ferrat s’adosse à l’abrupt de chaque instant saisi, de chaque moment reconnu. Elle donne à la mémoire féconde sa portée immédiate. Et chaque poème, pour ne pas dire chaque vers, s’imprègne de fragments d’expérience du monde pour les retourner de manière à mieux conduire le lecteur aux points les plus sensibles des nœuds de sensations en les désenchaînant, cherchant alors à renouer l’expérience poétique à l’œuvre. Ces textes produisent l’impression de pulsations dont l’effet est de multiplier les cassures, non sans redéfinir, non sans reconstituer, par là, le rapport au réel.
Stéphanie Ferrat, née en 1972 à Aix-en-Provence, est à la fois poète et plasticienne. Diplômée de l’école d’Art d’Aix-en-Provence en 1997, elle poursuit depuis des années ces deux activités parallèlement. Elle a publié une douzaine de livres dont les principaux sont : Abîmer de jour (2007), Caisson (2009), Caillot (2013) aux éditions de La Lettre volée (Bruxelles) ; Roncier (2014) aux éditions de La Feugraie ; Réceptacle (2009) aux éditions Fissile ; les Mains prononcées (2009) à L’Arbre à paroles.