A savoir un passionné des arbres et du vert en général. Bernadette Throo a un parcours atypique. Né en 1932, elle publie un premier recueil chez Seghers en 56, puis ne republie que dans les années 90, avec entre autres un Polder (n° 84) en 1995. C’est son huitième recueil depuis sa reprise. Plusieurs pages composent ce carnet. Et d’abord ce qui l’a lancé certainement : la consternation suite à la tempête de 99 qui bouleversa maintes forêts, ce fut pour une dendrophile un arrache-cœur. Ensuite les arbres sont cueillis selon les saisons de la Reverdie printanière à l’Hiver enchanté, en passant par Se baigner dans les arbres qui marque bien cette communion végétale. Le poète évoque Ovide qui changerait bien les humains en arbres, tout s’y prête : les branches, les bras, la peau, l’écorce, les feuilles, les cheveux, le sang, la sève. On comprend bien le penchant pour l’arbre, la solidarité de la forêt, la position arrêtée et le cœur percé d’une flèche aux initiales datées. Les vers de Bernadette Throo possèdent une facture classique dans la réappropriation des mythes en même temps qu’une extrême actualité. A la branche cassée par un brutal / les fruits pendent encore / de leur poids inutile.
Bernadette Throo est née le 19 janvier 1932 à Nancy où elle a fait toutes ses études jusqu’à l’agrégation de lettres classiques. Professeur de lycée à Metz, puis à Nancy jusqu’à la fin de sa carrière en 1992. Après une plaquette, (Matines), publiée en 1956 chez Seghers, s’est tue pendant de longues années, avant de se remettre à écrire près de trente ans plus tard. Écrit peu et par foucades, ce qui ne l’empêche pas de se sentir viscéralement poète. Aime les jardins, la solitude, la lecture et le silence.