Extrait:
Le fleuve,
sa ténacité à charrier mes absences,
sa fuite impatiente,
à peine alourdie par les berges
Sur des chemins de peine,
à fouler les silences enfouis
haleur sans corde
d’une charge qui me brise
Critique:
Claude Donnay, par ailleurs animateur de la revue Bleu d’Encre, nous livre avec « Carnets d’eau et de pierre » un recueil aux bords du rêve et du temps. Le poète effectue son travail sur l’invisible pour happer le réel :
Entre nous une longe invisible / deux souffles de cuir fauve / et de l’amour / pour oublier que les berges / ne retiennent que l’ombre des chalands.
Dans la solitude et la peur, il y a le fleuve, principal acteur du poème, fleuve de vie et de mort, le fleuve cher aux anciens qui charrie les pépites du temps et du rêve et nous abandonne ces mots de cuivre et de sang.
Claude Donnay se place en lisière du temps et de l’angoisse :
Un monde s’offre / où chaque battement de cil est un soupir l hors du temps et des mailles de l’angoisse. Dans les arcanes de la solitude et du silence, il ne reste au poète qu’une seule voie praticable, la confiance, celle de l’aveugle main posée sur l’épaule.
Carnets d’eau et de pierre, délicate rêverie entre les mailles du temps.
(Gérard Paris)