Ce livre relate une série d’incursions temporelles dans l’année 1967.
Coup après coup, 72 poèmes viennent trouer l’écran noir du passé pour faire surgir des rais de lumière.
C’est l’époque où mon enfance commençait à céder de toutes parts sous la pression des forces extérieures : je sentais que j’allais devoir quitter ce royaume en ruines. Un sentiment d’urgence me gagnait. Chaque jour était un nouveau départ.
De cette année engloutie, la plus ancienne où je puisse circuler en esprit, je n’ai pas une vision panoramique. Elle est morcelée. Elle m’apparaît comme une suite de lieux et de moments d’intensité variable, séparés les uns des autres par des portes invisibles, dont on devine la présence mais qui ne se laissent pas franchir. Chaque séquence demeure autonome. Le passage de l’une à l’autre se fait par coupures soudaines, par sauts imprévus dans un autre épisode frappant de cette histoire inachevée.
Et pourtant, la perception de l’ensemble est là, comme dans un rêve profond où l’on perd sans arrêt le fil, tout en sachant qu’on en est à la fois le protagoniste et le témoin. On sait qu’on rêve. On sait qu’on va bientôt se réveiller. Une inquiétude diffuse accompagne la remontée vers la conscience : quelles pépites, quel butin va-t-on pouvoir ramener au grand jour ?
Luc Dellisse est romancier, poète, essayiste et professeur de scénario. Diplômé en philosophie et lettres de l’université catholique de Louvain, il a exercé plusieurs métiers dans le domaine culturel. Auteur de nombreux scénarios de bande dessinée et de scénarios pour des courts métrages et pour la télévision, il a également publié des essais sur la scénarisation, des romans pour la jeunesse, des pièces de théâtre et des articles de critique, notamment dans les Cahiers de la bande dessinée. Il est l’auteur de deux essais sur le scénario, l’Invention du scénario et l’Atelier du scénariste (Les Impressions Nouvelles). Ses œuvres de fiction s’inscrivent dans un cycle d’autobiographie imaginaire qui comprend à ce jour cinq romans : la Fuite de l’Éden (L’Harmattan, 2004), suivi, aux Impressions Nouvelles, par le Jugement dernier (2007), le Testament belge (2008), le Professeur de scénario (2009) et les Atlantides (2011).