L’auteure s’efface dans ces courts poèmes conjugués à l’infinitif, à l’impersonnel dirait-on. C’est aussi bien ce que les vagues lui renvoient, miroir et sensualité des dissolutions, dans l’incessant commerce, le visage plié des vagues, qu’elle nous confie.
Je tiens le recueil dans la main, l’empaume au grain de ma peau. Il me semble évanescent, feuilleté de plages sous le flux et le reflux, parcheminé de brise.
Il m’inspire dans un souffle, s’efface dans une expiration.
Il trace pourtant un chemin, divisé qu’il est en courts chapitres.
Il me semble que le fil des mots n’y tient qu’à un fil, en tout point fragile comme celui d’une existence, et pourtant en affleure le large : celui de l’horizon d’une haute mer.
Il est celui d’un corps associé au rivage, coquille de noix que retrempe la marée aux côtes d’un thorax, l’éclat d’un éternel retour qui prend la figure de l’instant, dans la nacre des miroirs, le sacre d’une vague, le temps profond qu’anime la sensation.
On s’en trouve balloté dans le remuement du monde que commente l’onde.
Le poème s’instaure en lâcher-prise dans la suspension de l’instant strié.
— Jean-Michel Aubevert, extrait de la préface
Née en 1961, Elysabeth Loos explore le monde par le biais de l’écriture.
Diplômée en langues germaniques ainsi qu’en journalisme et communication, elle enseigne aujourd’hui le néerlandais en poursuivant une activité bénévole de critique théâtrale pour une radio universitaire. Son goût pour l’oralité l’a d’ailleurs longtemps poussée à écrire pour le théâtre.
Formée à l’art du conte, elle se joue du temps et de l’espace en explorant prioritairement les répertoires inuit et nordique. La nature occupe toujours une place prépondérante dans ses choix d’histoires.
On peut sans doute y voir une prolongation fantaisiste de ses années passées au sein d’une organisation internationale de défense de l’environnement…
La prose poétique semble aujourd’hui réunir tous ses champs exploratoires. L’amour est une géographie intérieure est sa première œuvre publiée.