Dixième recueil de Serge Meurant publié au Cormier, Célébration porte bien son titre. La poésie de Serge Meurant est bel et bien célébration fidèle des proches, vivants ou disparus, et ce nouveau recueil, qui fait suite à Vulnéraire paru voici vingt ans, le rappelle d’un timbre murmuré, comme à voix basse. À l’émotion tenue à juste distance répond une prosodie dont la simplicité repose sur un travail attentif au rythme interne du vers, à la pesée exacte de chaque mot.
Depuis son premier recueil, le Sentiment étranger, en 1970, Meurant a toujours fait preuve d’une même démarche, marquée par une quête permanente du dépouillement et du dessaisissement, comme l’écrivait à son propos Pierre Chappuis dans la Nouvelle Revue française. Chez lui règne une atmosphère particulière, comme si l’on baignait dans un clair-obscur, entre le proche et le lointain des choses, entre dit et non-dit. Célébration témoigne à nouveau de cette poésie du murmure, sinon de l’effacement, bien qu’elle soit évocation d’une expérience de la vie dans ses aspects les plus concrets. Conscient de la précarité de toute chose, et de la légèreté de l’être qu’il ne tient pas pour insoutenable parce qu’une sagesse très ancienne l’y a initié de longue date, l’auteur charge quelques mots d’être des fétus sur le cours du temps. Ses poèmes semblent fragiles, mais ils sont de l’ordre des roseaux qui ne se rompent pas. Meurant est de ces poètes qui engagent le lecteur à une écoute à ras des mots, mais qui propulsent vers d’insoupçonnables contrées.
Poète de la première heure, Serge Meurant est l’auteur d’une vingtaine de livres de poèmes publiés en France et en Belgique. En 1993, les Éditions de la Différence ont fait paraître une sélection de ses textes publiés entre 1974 et 1988 sous le titre Brasier de neige. Durant plus de vingt ans, il a codirigé à Bruxelles le festival Filmer à tout prix dédié au cinéma documentaire. Sa poésie privilégie le regard, nourri par l’attention qu’il porte au travail d’amis graveurs, de peintres ou de sculpteurs tout autant qu’à la démarche de cinéastes comme Johan Van der Keuken et Pierre Hébert.