Née en Arles, Chantal Dupuy-Dunier réside aujourd’hui à Clermont-Ferrand, après dix années à Cronce, petit village de la Haute-Loire. Dans la montagne et son silence qui permettent de prendre de la distance, non seulement vis-à-vis de l’agitation du monde mais à l’égard des grandes préoccupations humaines. La mort, par exemple, jamais nommée dans ce recueil. Simplement « Celle / qui scellera, / par qui les bouches seront closes, / la seule à permettre la continuité du langage ». L’innomée, l’innommable, Celle qui prend ici la parole : « Vers moi / montent les requiem et les poèmes, / au large de tout imaginaire. » « Au commencement était Celle »… qui aura toujours le mot de la fin.
Francis Chenot
Extrait
Celle
qui scellera,
par qui les bouches seront closes,
la seule à permettre la continuité du langage.
Elle dit :
« Regardez-moi danser,
mue par le rythme du mot qui me désigne.
Les tramways s’électrisent à mon passage
et des nuées de mouches volent en cercles blancs.
Je suis la roue et le moyeu.
Mon iris est taillé
comme un silex ancien,
une lame liminaire.
Je possède la solidité des pierres.
Je suis seule à détenir la permanence. »