Ce récit-mémoire est celui d’une enfance : un non-lieu.
Dans ces années-là, les adultes étaient libérés. De contrit à sans tabou, le sexe était au cœur de tout. Joyeux, bardés de musiques et d’électroménagers, les parents laissaient leurs petits avec des paquets de surgelés pour partir à l’étranger. Et cette insouciance qui faisait ambiance… Les hommes en verve avec, dans leur sillage, les épouses, leurs regards posés, leurs gestes prétendument soignants, l’indicible : les corps d’enfants photographiés, chosifiés et – au passage – abîmés.
Cela se passe dans un clos ; une sorte de ghetto qu’il faut fuir, fuir – et oublier.
Quarante ans plus tard, la narratrice revient vers le lieu délaissé ; et retrouve, quasi en l’état, les émotions qui l’avaient habitée. Elle cingle ses personnages, assemble les épisodes. Vient enfin une image, et sortent les non-dits. Dire, aujourd’hui, sans pudeur, ce que leur liberté a coûté à… ces enfants-là.