• Auteur(s): Isabelle Fable
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Récit
  • Péritexte: Préface de Gabriel Ringlet
  • Format: 14.8 x 21 cm
  • Nombre de pages: 204 pages
  • ISBN: 978-2-8070-0216-6
  • Parution: 2019
  • Prix: 17 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Perdre des êtres essentiels, et continuer à vivre, sans eux. Jeter des ponts de mots par-dessus la douleur, pour les retrouver. La mort nous les arrache mais, paradoxalement, nous les fait intégrer au plus profond de nous, où ils vivent une suite de vie, à travers nous, absents pour toujours, présents pour toujours.
Ce livre est une main tendue vers eux, une porte entrouverte sur l’ailleurs où ils sont désormais, sans matière, légers, à nous attendre.

Isabelle Fable nous écrit du fond de la nuit en demandant à son écriture de jeter un pont vers celles et ceux qui acceptent de s’enfoncer avec elle dans ce récit bouleversant. Un pont de mots sur lequel on progresse en tremblant. Mais je vous invite à l’emprunter. Même si vous avez le vertige. Et vous l’aurez à certains moments… Avancez quand même, car l’auteure vous tient la main avec délicatesse, en vous offrant le soutien d’une parole poétique qui aide à traverser.
— Gabriel Ringlet, extrait de la préface.

Extrait
Curieux ce mot, disparus… Une porte d’espoir peut-être de les voir reparaître un jour ? Ou de les rejoindre dans cet étrange ailleurs où ils ont disparu ? On a si peur du mot mort. Et pourtant, elle est là, la mort, omniprésente, inscrite en nous, qui nous attend. Deux faces de la même médaille, la vie, la mort. Et nous vivons chaque jour de la mort des autres, puisque toute vie se nourrit fatalement d’autres vies. C’est la loi. Et la philosophie la plus sophistiquée n’y changera jamais rien. Il faut tuer pour vivre. La vie et la mort sont intrinsèquement liées, elles dépendent l’une de l’autre. La vie se mange elle-même, éternellement, et se régénère. Nous ne sommes que des éléments. Des aliments.
Mais ces belles paroles n’empêchent pas la souffrance. La mort de ceux qu’on aime et qui nous manquent, comment l’accepter, comment la supporter ?
Il faut arriver à dépasser leur mort pour retrouver leur vie au-delà de la mort, envelopper la douleur du manque dans un cocon blanc, vivant, moelleux, se rappeler ce qu’ils étaient avant d’être ce corps sans vie, imaginer ce qu’ils sont peut-être ailleurs, dans une autre dimension, sauvegarder ce qu’ils sont toujours pour nous, ce qu’ils nous ont donné, ce qu’on leur a donné, ce qu’on a partagé, ce qu’on a construit, ce qu’ils nous laissent dans le corps, dans le cœur, dans la mémoire. Sauver l’essence. Sauver l’essentiel. Leur âme nous reste, qu’on l’appelle ainsi ou autrement. C’est peu, mais c’est précieux. […]
C’est le mystère de la Vie/Mort, qu’aucune philosophie ou religion n’a pu percer. On ne comprend (peut-être) qu’au moment du grand saut, du plongeon dans l’inconnu qui fait si peur.
La mort ouvre la porte de la vie, elle ouvre une brèche. Il faut oser s’y faufiler. Bien sûr, la perspective de tout perdre nous étreint le cœur. Mais que serait la vie sans la mort ? Un éternel mouvement vers une vieillesse éternelle. […] C’est la précarité de la vie qui la rend merveilleuse. La mort donne du sel à la vie. Il faut l’accepter, dans toute son évidence et toute sa cruauté.