• Sous-titre:
  • Auteur(s): Jean-Michel Aubevert
  • Éditeur: Le Coudrier / Le Coudrier
  • Genre: Poésie
  • Péritexte:
  • Format: 14 x 20 cm
  • Nombre de pages: 76 pages
  • ISBN: 2-9600539-6-6
  • Parution: 2006
  • Prix: 12 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Autodistribué (Belgique). Librairie Wallonie-Bruxelles (France).

Mettre ses pas dans les mots d’un poète, c’est possible avec Aubevert. Chemin du dernier vivant, offre la particularité d’un « Hors texte, quelques notes à l’intention des amateurs de géographie locale. ». Suivent de brèves considérations sur telle voie ferrée désaffectée, le tracé des allées, le cercle des tilleuls, lieu-dit ou bois. Une carte incite le marcheur à relier poème et lieu, en une géopoésie vivifiante. Le livre se glisse en poche et l’on pourrait prévoir, dans une seconde édition, une page pour les notes de l’évasion. Les photographies de Joëlle Aubevert, aux verts très étudiés, rythment le récit, sorte de poème en prose, fantastique ou surréaliste, le lecteur hésitera. L’incipit est destiné à l’égarer d’emblée : « Le rêveur s’avère rêvé par les lieux mêmes qui charpentent le songe où son esprit dénoue les sollicitudes de la mémoire. » Qu’est-ce qui importe, en somme ? Le réel traversé en tant que réel ou la force onirique qui sourd de ses anfractuosités ? Réminiscences, dit l’auteur, qui se ressouvient comme d’une enfance champêtre. L’âme détachée du corps s’en va vagabonder d’abondance. Le pays est une île à qui sait voyager. Collecte d’impressions, de moments, de pauses où bat « Le chant du monde » de ce cher Giono. Les dieux sont partout, et c’est tant mieux ! La langue est un volubilis. « La maison au bout du chemin asseyait son banc, blottissait sa lampe. » « Toute pente a ses voies qu’illustre sa flore et l’adret consent à l’ubac comme la fleur descend dans le fruit. Une plante verte est un grimoire à la fenêtre. Qu’on caresse la lampe, le génie fait danser la poussière dans le souvenir dormant. » Ne dirait-on pas entendre quelque sage ? Bref, « Chemin du dernier vivant » est un livre où se perdre, dédale ou labyrinthe selon l’issue choisie. Et tandis que « l’eau court sous la vague », le poème d’Aubevert s’amarre en nous, parfait notre état d’apesanteur qui, paradoxalement, nous maintient davantage au monde. Ah ! Le beau livre !

Béatrice Libert