Il faut imaginer le choc quand on vient du pays de Simenon et qu’on arrive dans celui de Thérèse Desqueyroux.

Quand on quitte Liège, une chambre un peu glauque, un ciel bas et gris, la pipe du commissaire Maigret, pour découvrir des vignobles à perte de vue, étincelants de lumière, dans l’air chaud de Gascogne ; une terrasse, où l’ombre de François Mauriac croise ses longues jambes sur son fameux banc.

Un jour — c’était il y a près de trente ans —, un jeune homme quittait ce premier monde pour rejoindre l’autre, à rebours de son destin.

Il n’aimait qu’une chose dans la vie, les livres. Pour eux, il était prêt à tout. Vraiment à tout.

Ce qui ne fut d’abord qu’une manière de fuite en avant devint vite une quête. On l’accueillit généreusement à Bordeaux, où Mauriac endormi l’attendait.

Mauriac, une certaine France, la bourgeoisie, le bénitier, les romans, les carnets, et le domaine de Malagar.

Malagar, où un jeune Liégeois, parfait petit socialiste, athée intégral, prolétaire à souhait, se retrouva et se trouva.

Magie des lieux, mystère des contrastes, enchantement, au point qu’il n’ait plus de cesse que de vouloir y vivre, pour toujours.

C’est cette histoire improbable que raconte ce livre, où l’on croisera quelques ombres du passé, surgies de leurs mots, entre chien et loup, au crépuscule d’un monde qui plaçait, alors, au-dessus de tout, ceux qu’on appelle les écrivains.