• Sous-titre:
  • Auteur(s): Bozidar Frédéric
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Roman
  • Péritexte:
  • Format: 14.5 x 21 cm
  • Nombre de pages: 144 pages
  • ISBN: 978-2-930333-46-5
  • Parution: 2012
  • Prix: 16 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Un premier roman, polar dans un cadre social, intégrant la fermeture de la phase à chaud de Seraing et une enquête policière sur des crimes commis par des ninjas égarés en bord de Meuse.

À l’étal d’un brocanteur, un ex-Sérésien de passage dans sa ville découvre un manuscrit, la Chronique d’une enquête inachevée. L’auteur anonyme situe l’action au pied des hauts-fourneaux de Cockerill, devenu Acierlor-Mehttal par « la grâce » des fusions et des restructurations. Lors de leur dernière pause, des syndicalistes y sont assassinés au moyen d’une arme droit sortie des mangas japonais. Le commissaire Mario Vukovic (« Mario comment ? ») se voit ainsi confier à quelques jours de la retraite une ultime enquête d’autant plus poignante qu’elle a pour décor « son » Seraing. Assisté de son « Petit cœur de Beur », sa fidèle adjointe Saïda, il va plonger dans les arcanes de la mondialisation, du grand banditisme international en col blanc et de leurs sbires fanatiques. Ce manuscrit « oublié » offre un ultime hommage à une époque révolue et diagnostique une maladie qui, pareille à la rouille, ronge toute une génération de travailleurs coincés entre l’attachement à un passé décomposé et l’angoisse d’un avenir des plus incertain.

Extrait

Luigi fait un signe de croix, crache une dernière fois sur le sol noir et graisseux du plancher de coulée et tourne le dos à ce géant ventru qui laisse échapper, tout en haut, un rot détonnant.
Il va le quitter pour de bon cette fois. Pour les hommes du feu, le haut-fourneau est un être vivant, ils ont vécu pour lui et avec lui, avec ses caprices, ses dangers. C’était leur pire ennemi, mais aussi leur bébé, qu’ils aimaient, qu’ils nourrissaient et qui les nourrissait en retour. […] Dans quelques jours, le couperet va tomber, il va devenir froid, il va mourir. […]
Luigi, une boule dans la gorge, déboutonne sa tenue d’amiante. Il marche comme un somnambule, sans se retourner, un goût de fer dans la bouche. […] Une ombre passe dans son champ de vision. Quelque chose d’insolite a bougé, là-bas, derrière cette tuyère.
D’abord, il ne voit rien. Il s’arrête et observe. Il distingue vaguement dans la fumée une forme humaine toute de noir vêtue. La fumée se dissipe, la forme est bien visible maintenant. Elle est à quelques mètres et lui barre le chemin. Il a déjà vu ça au cinéma, ça porte un nom bizarre, mais là, il ne s’en souvient plus. […] Ses copains lui font une blague pour son départ, ou quoi ? En rigolant, il se met en position caricaturale de combat.
— Viens si t’es un homme ! hurle-t-il.
Pour toute réponse, la forme noire porte les mains à la ceinture, décroche quelque chose. Un mouvement rapide des bras, et deux éclairs métalliques strient l’espace.