Ce livre rassemble l’essentiel des lettres échangées entre 1914 et 1916 par la mère de l’écrivain Claude Simon et sa famille immédiate. Cette correspondance a principalement trait à la disparition du père, Louis Simon, mort en Flandres dès le 27 août 1914 mais dont la famille reste sans nouvelles pendant plusieurs jours : une période qui constitue le récit majeur de L’Acacia.
Belles et intenses, ces lettres présentent au moins un double intérêt.
Le premier est littéraire puisque ces lettres donnent à lire la « matière première » de ce qui formera la base autobiographique de nombreux romans du futur prix Nobel de littérature comme Le Vent, L’Herbe, La route des Flandres, Les Géorgiques ou encore Le Tramway. Une ressource romanesque que mobilisera régulièrement Claude Simon et qui constitue donc ce que, dans une préface suggestive, Michel Butor nomme joliment « la littérature dormante ». Une introduction de Mireille Calle-Gruber, qui a signé la biographie de référence de Claude Simon, permet d’établir l’inscription de ces événements dans les divers romans.
Le second intérêt est historique. Au moment où les commémorations de la Grande Guerre ramènent à la surface toute une mémoire enfouie, ces lettres permettent de vivre ce que furent les premières semaines du conflit. Mais elles offrent surtout le moyen de prendre la mesure d’une réalité méconnue : l’atroce incertitude dans laquelle se trouvèrent plongées, parfois durant des semaines, les familles de ceux qui étaient portés « disparus ».
Un important fonds iconographique complète le volume. Légendées par François Buffet, cousin de Claude Simon, de nombreuses photographies sont reproduites pour la première fois et notamment celle du buste de l’Ancêtre, jamais retrouvé. Ces images inédites donnent un visage aux personnages qui hantent les romans de Claude Simon.
Le soin apporté à cette édition, tout en couleurs, riche en fac-similés, font de ce livre une manière d’émouvant « Album Simon ».