Deux immigrés, un peintre en bâtiment arabe condamné par sa seule bienveillance fondamentale, et un mathématicien chinois acculé à la trahison; une femme tout amour et qui, flouée dans cet amour, s’inflige l’humiliation publique; un homosexuel raciste passionné de poésie, et dont la maladie ronge progressivement la beauté; un autochtone modèle d’intégrité désarmée et vaine. Tous protagonistes d’une inextricable mêlée de dégoûts des autres et de dégoûts de soi, d’une battue d’amours sans issue en lisière d’embrasement. L’allumette, le mot. Le mot à la croisée des dégoûts, quand il les nomme tous, de sa justesse incendiaire. Le mot qui traque chacun, le traque à mort, mot masqué qui peut être n’importe lequel – aussi bien ballon, dieu, lapin, ou neige. Une cité d’aujourd’hui, sous le ciel justifié d’un contradictoire constat d’innocence. Dans la lignée de Koltès, une pièce brutale et forte à la tonalité on ne peut plus actuelle.