Dans le livre de Jean-Damien Roumieu il y a soixante-deux poèmes : tous un peu éclatés, sans grandiloquence, qui ont en apparence la modestie du poème assez bref. Mais cette concision extrême génère invariablement et mystérieusement « L’instant // Un rideau blanc // dans la lumière du matin ». Dans une langue de pur cristal, pas de résistance à la référence à l’autre (la préférence). Elle peut être le tout incontestable qui était et reste celle qui brille et ne fait jamais d’ombre : « C’est par ton sein / que j’étincelle / par ta lèvre / que j’énonce / le presque-rien / qui me pénètre … Même la nuit / tu es mon jour // Une saison outre l’hive r». Face aux pérégrinations du monde qu’il sonde par des fulgurances au vertige du verbe (Comme si le rien était) Jean-Damien Roumieu, exorcise le mystère : « Je suis / pétale du rosier // Le Rien s’embrase / à mon approche // Je jette à terre / mon armure // Je n’attends approbation / réprobation // Ce que j’attends / le dévoilement / de la figure / la mise à nu de l’absolu ».
Rio Di Maria
Extrait
Gésine
premier élan
du temps au temps
Je mets au monde
une fleur
Comme Antigone
elle risquera
livrant ses lèvres au feu certain
***
L’instant
Un rideau blanc
dans la lumière du matin
Une aventure en notre chair
Une arabesque
démêlant le plein
d’avec le vide coutumier