• Sous-titre:
  • Auteur(s): Luce Caron
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Roman
  • Péritexte:
  • Format: 14.8 x 21 cm
  • Nombre de pages: 168 pages
  • ISBN: 9782807005433
  • Parution: Décembre 2025
  • Prix: 18 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Comme chaque année, Michel a invité ses trois filles à « fêter » Noël. Estelle, l’aînée irrévérencieuse aux avis arrêtés, Sophie, la célibataire bobo écolo et Jeanne, dont la vie a récemment pris un tour tragique. En cours de route, ou dans l’attente des convives, chacun, chacune appréhende à sa manière cette réunion de famille, fête idéalisée, retrouvailles de routine ou obligation fastidieuse. Mais peut-être Monique, la nouvelle compagne de Michel, saura-t-elle, par sa simplicité, détendre l’atmosphère. Comme elle dit : « Y a que les cons qui changent pas d’amis, mais la famille, c’est pour la vie ! »
Au fil des monologues intérieurs, le lecteur découvre la complexité des relations familiales, les difficultés de communication et les différences de langage, les liens qui perdurent ou s’étiolent, et, surtout, ce que chacun voudrait tant savoir mais ignorera toujours : ce que, derrière les amabilités de façade, les autres pensent réellement de lui !

Extrait

J’aurais dû me coucher plus tôt, il paraît que j’ai l’air fatigué. Pas encore levé, déjà épuisé… Les filles ne manqueront pas de me le faire remarquer. C’est vrai, je suis décalé. Elles vont me faire la morale, me signaler que ce n’est plus de mon âge de veiller jusqu’au petit matin. Elles m’infantilisent. C’est peut-être ça, vieillir : revenir à l’état premier. Quand on n’a plus d’horaire à respecter, à quoi bon rester au même rythme que les autres ? Je préfère la nuit. L’obscurité me fascine. Pour vivre heureux, vivons cachés, comme disait je-ne-sais-plus-qui. On ne peut pas dire que ma vie ait été particulièrement heureuse jusqu’à présent. Avant, je me couchais tard pour fuir Chantal. J’attendais qu’elle soit endormie pour rejoindre le lit. Nos discussions sur l’oreiller n’étaient pas plus apaisées que dans la journée. De jour comme de nuit, je subissais ses accusations et ses critiques. Quarante ans de vie conjugale à me sentir épié. Quarante ans dans le viseur de celle qui scrutait avec mépris mes actions comme mes inactions. Bon. Si j’ai de la chance, il me reste un peu de temps pour trouver le bonheur, ce n’est pas faute de le chercher. Encore faudrait-il savoir à quoi il ressemble. J’ai tendance à fouiller au mauvais endroit. Bon. Je n’ai plus besoin de me cacher désormais, c’est l’intérêt de la solitude. Comme dit Cioran : « La solitude est l’aphrodisiaque de l’esprit. »