Cette nouvelle suite à la fois lucide et maîtrisée de Jean-Marie Corbusier, lequel n’en est pas à ses premières armes dans sa recherche d’approfondissement de la parole poétique, tente d’accéder, à travers l’image de la neige, à ces prismes diffus de la langue témoin des choses du monde rencontrées, toute chose sans borne comme le poème et que happe le mot : neige comme motif qui affirme et dissimule tout à la fois. Car ce monde recouvert de neige à perte de vue / ici ou ailleurs indistincts exige pour être dit ces mots justes, pour reprendre un fragment de l’un des poèmes. Cette volonté de dire juste traverse tout le livre. Trouver les mots justes pour en capter le sens, c’est vouloir dire au plus près possible ce monde hors de soi et dans lequel on se trouve projeté ; et, en quelque sorte, chercher à le voir autrement, mettre à vif tous tout ce qu’incarnent ces fragments de monde qui s’offrent à la vue se dissimulant sous le blanc de la neige. Ce nouveau livre se construit autour d’un déroulé de la parole où chaque poème, chaque fragment, cherche à exprimer ce qui fait l’essence de la poésie : à la fois le silence sur lequel elle repose, son étrangeté dans la recherche de ses formes expressives et la nécessité d’explorer de nouvelles voies langagières pour atteindre cette originalité en sa puissance de célébration. Ce livre est dès lors un refus affirmé de logiques programmatiques préétablies.
Jean-Marie Corbusier, né en 1950, a publié une vingtaine de plaquettes et recueils de poésie. Il fait partie de ces rares poètes infiniment discrets mais dont l’œuvre touche le cœur sensible de la création. Une œuvre dépouillée d’oripeaux, sans artifices, mais dont chaque poème semble toucher à l’essentiel. Un poète assurément dans la secrète évidence des choses.