Avec Jean Ray, Thomas Owen et Jean Muno, Gérard Prévot est considéré comme une des plus grandes voix du fantastique belge. Parus en 1986, dix ans après la mort de l’auteur, les Contes de la mer du Nord consistent en une sélection de onze récits réalisée par Jean-Baptiste Baronian au départ des recueils le Démon de février (1970), Celui qui venait de partout (1973) et la Nuit du Nord (1974). C’est ce recueil introuvable et largement commenté que nous avons souhaité restituer pour la première fois dans son intégralité. Les Contes de la mer du Nord comportent des textes écrits à différents moments, mais qui ont pour point commun, outre un cadre évocateur des brumes nordiques ou germaniques, de faire ressortir le jeu d’alternance propre à Gérard Prévot : entre métaphysique et carnavalesque, entre déploiement du mystère troublant et plaisanterie étrangement inquiétante. Une pièce maîtresse de la littérature fantastique du XXe siècle.
La trajectoire littéraire de Gérard Prévot (1921-1975) s’est faite en deux temps: d’abord une longue période marquée par une œuvre poétique importante (Récital, 1951) et par plusieurs romans fondés sur les souvenirs et les rancunes personnelles (la Race des grands cadavres, 1956). Au cours de cette période, il s’essaye avec succès au théâtre (la Nouvelle Eurydice, 1964) et fait paraitre un essai (la Haute Note jaune, 1967) dans lequel s’expriment l’exigence et la rigueur d’un écrivain doté d’une incontestable facilité d’écriture. Ensuite, à partir de 1970, Prévôt se tourne vers le fantastique et publie des contes et récits qui tranchent sur les habitudes du genre par la sobriété et le classicisme de leur style.