« Depuis près de quinze ans, Cécile Massart développe un travail centré sur la mémoire du déchet nucléaire et son devenir, sujet unique de l’artiste. Au fil des nombreux sites étudiés, en Europe d’abord, au Brésil et en Inde ensuite, et enfin à Rokkasho au Japon, Cécile Massart modifie la nature du regard qu’elle porte sur ces lieux. Après s’être attachée au marquage et à l’archivage des déchets eux-mêmes, l’artiste développe un travail sur les sites où sont conservés ces résidus radioactifs : lieux isolés autant que camouflés dans une programmation volontaire d’un effacement progressif. Dans Cover – ce qui couvre et est visible –, Cécile Massart se penche, cette fois, sur la couverture architecturale de ces sites radioactifs cachés dans des périphéries insoupçonnées. L’artiste veut les rendre visibles et identifiables, leur donner des lettres de noblesse qui renoue avec une certaine forme d’architecture funéraire, en particulier, celle du XVIIIe siècle, rêvée par les visionnaires Ledoux et Boullée. Puisant dans une iconographie archétypale et développant un répertoire de formes et de signes symboliques destinés à donner une monumentalité à ces tombeaux anonymes d’un nouveau type, l’artiste, non seulement rend lisible ce qui devait être occulté mais aussi imagine une architecture graphique faisant apparaître au grand jour un système de valeurs qu’on voulait méconnaître, tout comme Ledoux et Boullée tentaient de l’affirmer dans leurs projets utopiques. » (Catherine De Braekeleer, extrait de la préface)
Textes de Catherine de Braekeleer, directrice du Centre de la gravure et de l’image imprimée à La Louvière, Yves Depelsenaire, psychanalyste et Éric Clemens, philosophe.