« Nous naissons chaque jour, dans chaque morceau de pain », pour repousser le désespoir… Nous le faisons à plusieurs, coudes serrés, mémoire hissée au mât de notre résistance. Inspirée par l’oeuvre de Juan-Manuel Echavarría, la poésie de Matthieu de Nanteuil est un tissage en creux, une partition de silences, « comme un manteau de laine posé sur nos épaules ». Elle inscrit son chant dans les échos du monde, se noue au cri des grandes affres de l’humain. Elle éclaire nos consciences d’affects féconds et bouleversants sur le chemin de notre devenir. Il convient de la lire de notre voix intérieure pour en absorber l’écoute sans modération et laisser sourdre d’elle un miel réparateur. Une onde de sens alors porte notre pas et nous engage à vivre dignes, en hommage à ceux qui n’ont pas de nom. Une ode à l’amour de la mère, de la veuve ou de la soeur de Sebastián, au corps « rendu au multiple ». Des traces d’ombres contre l’oubli de l’avenir « pour venger nos morts en coloriant l’azur ». Pourvu que l’amour nous sauve…
Matthieu de Nanteuil est né en France en 1966. De formation sociologique et philosophique, professeur à l’UCL depuis 2001, il écrit des textes au hasard des lieux et des rencontres. Son thème de prédilection ? L’espace intérieur du monde, dont parle Rainer Maria Rilke. Son poète préféré ? René Char, le poète-résistant, l’homme des blés murs et des maquis. L’Irlande ? Un territoire du bout du monde. Un espace commun à tout espace, au centre d’une civilisation
fissurée, mais vivante. Un lieu aux confins de l’âme, où s’enracine la fragilité d’être.