« Un couteau se lève dès que tu écris. » Le ton grave, pessimiste des premiers poèmes cède à l’évocation de courts bonheurs, ceux du matin, du chant des oiseaux, des collines, du soleil confident, des fleuves, de la mer… Philippe Mathy n’est pas seulement spectateur de la vie qui passe, il en arrache des poèmes qu’il « dépose sur une page en espérant qu’elle brûle ».
Qu’ai-je été ?
Quelques pas essoufflés dans le fracas de vivre
cherchant le feu d’un amour
la vigne d’un rêve où goûter à l’ivresse des jours
Une monnaie qu’on échange
entre deux conversations banales
le remuement d’air d’un oiseau
qui ne sait pas où le vent le mène
Au bout de l’été une chaleur qui s’éteint
Qu’ai-je été ?
Si peu
une pierre qui s’effrite
comme les mots en vain tracés
sur ce papier promis pour la cendre