Toute tentative poétique s’efforce, à sa manière, à une description du monde. Ce livre-ci n’y manque certes pas, tâchant à travers la diversité des situations de cueillir la forme de l’incessant balancement à l’œuvre en toutes choses.
Se saisir de l’infime, du dérisoire, de l’inaperçu qui habite les vies, de même qu’embrasser les immensités en y échouant avec constance, ces mouvements simultanés et contradictoires trouvent parfois une issue dans la parole poétique.
Du Rhin à Nauplie en passant par Mount Washington, une oreille inventive, un œil désencombré peuvent capter leur part de ces désordres, entendre des respirations secrètes ou voir l’insoupçonné. Rien n’est donné d’avance, sauf d’être bercé par le balancement.

Extrait

Vois-tu ces feuilles
en tourbillon s’enroulant
tornade de salon sur l’herbe rase ?
ma parole
elles se prennent pour
des étourneaux enivrés de leur vol
ou alors un
dieu venteux joue à la toupie
seul de son Olympe à savoir souffler en rond
et tu n’oses traverser — de crainte de le briser —
ce que les contes appellent
un sortilège