À lire Alain Dantinne, le monde serait une immense salle d’attente, un quai de gare et bien sûr le dernier train s’en est allé. Et les villes sont là dans leur nuit, leur duplicata qui ressemble à une vertigineuse question. Elles sont le décor dérisoire de nos états d’âme. Que de gourmandes amertumes. Le désarroi serait-il une des composantes du bonheur ? À parcourir ce Décalage horaire, nous serions toujours l’étranger dans la maison, à se demander où est la chambre que l’on nous destinait. On pousse une porte. Ouf. C’était là !
Alain Dantinne est un bouffeur de continents. Il découvre à seize ans les textes d’Achille Chavée, il ne s’en remettra jamais. La lecture de poètes tels Michaux et Cendrars l’emmène dans l’écriture du voyage. Guillevic et Char lui apprennent la rugosité du monde, Genet et Moreau, celle des frères humains. Aujourd’hui, il vole maladroitement de ses propres ailes ; il enseigne aussi, la philosophie dans des milieux huppés, le doute et l’étonnement ailleurs. Il commet des pastiches, et l’assume. Il n’a toujours pas lâché son dernier mot.