• Sous-titre:
  • Auteur(s): Anne Duvivier
  • Éditeur: M.E.O.
  • Genre: Roman
  • Péritexte:
  • Format: 14.8 x 21 cm
  • Nombre de pages: 192 pages
  • ISBN: 978-2-807004-92-4
  • Parution: Février 2025
  • Prix: 19 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Pollen

Un habitat communautaire entre vieux copains ?
À la proposition d’Hervé, Maureen a réagi au quart de tour. Se retrouver avec Ludivine, Claire, Philippe, Odette et toute la bande ! Refaire le monde, cuisiner, rire, déconner, coucher même avec l’un ou l’autre, éventuellement se préparer à mourir parce qu’il le faut bien, mais pas tout de suite, waouw ! Elle n’allait peut-être pas crever seule et abandonnée de tous… Elle lui a sauté au cou, avant de se raviser : Faudrait d’abord faire un test, commencer par une semaine tous ensemble.
C’est qu’ils n’ont plus vingt ans, mais soixante bien sonnés. La vie les a ballottés dans des directions diverses. Arriveront-ils à recréer la complicité qui les liait à l’époque de Swamiji, le gourou fantasque de leurs jeunes années ? Surtout lorsque des rancœurs et des souffrances tues leur éclateront au visage ?

Extrait

Swamiji jouait de son aura auprès des femmes, songe Ludivine. Toutes tournaient autour de lui, des mouches. Les hommes aussi étaient séduits. […] Swamiji était un personnage, un sage, l’incarnation de ce que chacun, secrètement, tentait de devenir. Elle avait vingt ans, les autres à peine plus, leur vie encore en chantier. Elle ne savait pas grand-chose de lui, sinon qu’il avait été le disciple d’un maître dans un ashram près de Delhi, durant quelques mois. Accessoirement, aussi, qu’il avait une épouse quelque part et même des gosses dont il ne semblait pas se préoccuper. Un paradoxe dont personne ne se formalisait. Ils étaient insouciants, compréhensifs, enthousiastes, la vie n’était qu’une longue promesse. Elle se mordille la lèvre. Le paradoxe, aujourd’hui, est ailleurs. Elle le porte en elle. Pas un fardeau, plutôt un constat, difficilement partageable. Sinon, à se faire huer, lapider. Elle, une féministe de la première heure, qui a brandi le poing, escaladé les barricades, bravé les lois pour faire entendre le droit des femmes à disposer de leur corps, elle est infiniment reconnaissante à Swamiji, un macho de la pire espèce ! Phallocrate, séducteur, paternaliste. Quand elle dresse le bilan des personnes qui ont compté pour elle depuis sa naissance, après sa mère, il y a lui.
– T’as couché avec Swamiji ? demande-t-elle, en se tournant vers Maureen.
– Oui ! Comme Marie-Ève, comme Claire… on y est toutes passées. Toi aussi, non ?
Ludivine revoit, enfoui dans les arbres, le bâtiment de l’Oasis, la vaste pièce du rez-de-chaussée, les tables, les bancs, les rares fenêtres creusées dans la pierre, l’échelle de meunier pour grimper à l’étage, le dortoir, les matelas au sol, les sacs de couchage, elle entend le zip zip des tirettes qui s’ouvrent, se referment, se rouvrent, parfois en pleine nuit quand on croit que tout le monde dort, les pas furtifs qui s’ensuivent, la lune par un vasistas, les soupirs, et toutes sortes d’autres bruits que peinent à couvrir les ronflements…