Desperados est le journal-poème d’une année d’échanges et de rapports amoureux entre un poète mal dans sa peau et un jeune danseur gay. découverte de la marge, du quart-monde, des factures en attente, de la cruauté et des excès d’un espace d’où «notre» culture est absente… C’est le choc de deux mondes, un no man’s land surprenant. desperados veut relater un pacte, un engagement l’un envers l’autre de deux hommes que tout sépare.
Karel Logist s’est donné pour desperados la contrainte lipogrammatique de ne jamais utiliser la lettre « i », cette lettre qui figure deux fois dans le nom de son amant… Une prouesse d’autant plus grande que l’intensité du récit ne faiblit à aucun moment et que, à moins d’y être très attentif, la contrainte passe complètement inaperçue — comme dans le texte ci-dessus.
Extrait
Je vous salue / mes compagnons de route et de déroute / passants d’anonymes partages de mon voyage sans boussole / frères obscurs des passages secrets / Qu’on ne me cherche plus de ce côté de l’eau / dans un rang sur une scène ou dans la loge sept / Je me mets entre parenthèses / je prends le large / je déserte ma rue / ma cour ma demeure ma chambre / ma femme mon enfant et mes bêtes / pour donner corps aux quelques rêves / que je perds trop souvent de vue / pour un autre versant du monde / plus juste plus honnête / plus transparent sans doute / où j’apprends à me supporter…