Après les graphophiles Georges Simenon et Henri Vernes, Jacques Sternberg est probablement l’auteur belge le plus prolifique du XXe siècle. Il est certainement le plus touche-à-tout avec à son actif des contes brefs, des nouvelles, des romans, des pièces de théâtre, des aphorismes, des dictionnaires, des lettres ouvertes, des chroniques, des autobiographies, deux revues « littéraires » et un scénario de film. Sans parler de son travail d’anthologiste.
Cactus inébranlable vous propose de découvrir un peu plus de cent cinquante contes ultra-brefs, que l’on pourrait appeler contes GSM ou contes texto, la plupart rédigés en une phrase, dont moins de la moitié est parue jadis dans quelques revues que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître.
Extraits choisis
Il avait monté une entreprise qui avait pour but d’enflammer les allumettes pour vérifier si elles étaient utilisables.
Tous les dimanches, la religieuse allait dans les quartiers pauvres faire la quête au profit des riches désabusés.
C’est pour la barbe, dit-il en s’installant dans le fauteuil du dentiste.
Il meubla la conversation d’un guéridon Louis XV.
Il fut condamné à mort pour avoir tué une souris et reçut un blâme de la Société protectrice des humains pour avoir coupé sa femme en morceaux.
En entendant la sentence de mort, une vieille dame se jeta par la fenêtre en s’écriant qu’elle était la mère du condamné et se souvint à cet instant – mais trop tard – qu’elle n’avait jamais eu d’enfant.
Il habitait un appartement tellement vaste qu’il avait décidé de partir en vacances dans sa chambre à coucher.
Il était tellement bien éduqué qu’avant d’entrer dans sa mort, il fit passer sa femme devant lui.
Pendant que l’homme descendait du singe un autre y remontait.
Soudain, il fut chargé par un rhinocéros d’une mission de confiance.