Dans toutes les sociétés, les instances de pouvoir ont encouragé la transmission d’apprentissages techniques de génération en génération. En occident, jusqu’au XVIIIe siècle, cette transmission s’est effectuée au seul contentement, ou presque, des castes et familles influentes. L’orientation en a changé avec l’accession des bourgeoisies nationales aux leviers de l’économie, et ensuite, dans la seconde moitié du XIXe siècle, grâce au travail industriel. Les masses furent alors poussées à s’ouvrir aux « choses de l’art » à travers le développement de l’enseignement public et l’entreprise de vulgarisation des connaissances. Ce sont ces tentatives d’éducation artistique, jusqu’aux expériences de réforme des « arts appliqués », avec la fondation d’écoles professionnelles spécialisées, qui sont décrites dans ce livre sur plus d’un demi-siècle. De leur analyse, en toute logique, se dégage une interrogation sur leur efficacité. Les programmes d’initiation aux œuvres d’art qui ont été élaborés au début du XXe siècle, les efforts pour poser les bases d’une esthétique populaire, les systèmes d’enseignement stimulant l’inventivité n’auraient-ils cultivé, en définitive, que des illusions ?
Lionel Richard, né en 1938, est professeur honoraire des universités et a enseigné à la faculté des lettres d’Amiens jusqu’à la rentrée 1998-1999. À Paris, en même temps, il collaborait régulièrement à la radio (France culture), au Magazine littéraire et au Monde diplomatique. Il a publié de nombreux ouvrages autour de trois sujets primordiaux : l’expressionnisme allemand, l’Allemagne nazie, les mouvements artistiques internationaux.
Parmi ceux-ci : Nazisme et Littérature (Maspero, 1971), Expressionnistes allemands (Maspero, 1974), l’Expressionnisme (Somogy, 1976), le Nazisme et la Culture (Maspero, 1978), la Vie quotidienne sous la République de Weimar (Hachette, 1983), le Bauhaus (Somogy, 1986), D’où vient Adolf Hitler ? (Autrement, 2000), Cabaret, cabarets (Plon, 1991), l’Art et la Guerre. Les Artistes confrontés à la Seconde Guerre mondiale (Flammarion, 1995), l’Aventure de l’art contemporain (Le Chêne, 2002).