
Curieuse et attentive par nature, Emmanuelle Ménard puise son inspiration dans le quotidien, aux détours de voyages plus ou moins lointains et d’aventures de tous les jours. Les yeux dans les yeux de la ville, du monde, de la vie, elle voudrait suivre, elle veut suivre l’Homme en marche, tel que le rêvait le génial sculpteur Giacometti. Férocité et tendresse se côtoient harmonieusement dans le regard affûté qu’elle pose sur ce quotidien qui pourrait n’être que banal et qu’elle transfigure par la richesse et la sensibilité de son écriture.
Extrait
MA SIMIESQUE VOISINE…
Ma simiesque voisine
tes murs torchés au chagrin
ont la pesanteur de l’absurde
qui se noie à l’eau vive
Esprit en filigrane
brise-glace dans les villes
tu voudrais faire le clown
pour trouver les regards
Mais rien ne bouge vraiment
dans ces yeux comme des trous
qui courent à travers tout
sur des rails bien huilés
Ma simiesque voisine
as-tu déjà manqué
au rendez-vous des hommes ?
Toi qui as peint les jours
à coups de crans d’arrêt
et fait rêver l’ennui
sur un bout de trottoir
Ma simiesque voisine
à t’éviter toujours
j’ai l’âme comme un morceau
de fer
de terre
de bois mort au combat
Ma simiesque voisine
l’universel visage
qu’on pourrait appeler « Cri »
si l’on te regardait.