Pourtant ces mots ne sont pas terres arables, qui donnent de bons fruits, mais paroles de sable sur lesquelles rien ne se cultive ni ne se construit. Ils sont prononcés par un simple innocent qui prétend que les mains pleines ne peuvent plus rien retenir du hasard, que ce royaume des mots est plus solide que celui bâtit sur la pierre ou l’empire soumis au fil de l’épée. Eux le temps ne les réduit pas en cendres. Ils libèrent l’esclave et emprisonnent celui qui se croit le maître, as-tu coutume de répondre, toi un simple d’esprit, un fourvoyé, un marginal, un intolérant de basse caste. Un poète désespérant, qui vend des recettes d’illusionniste et donne à entendre qu’il est d’autres possibles qui ne soient ciel de décembre, terre qui se dérobe à l’approche de ses rives.
Saïd Mohamed est né en Basse-Normandie d’un père berbère, terrassier et alcoolique et d’une mère tourangelle lavandière et asociale. Nomade dans l’âme, il est tour à tour, ouvrier imprimeur, voyageur, éditeur, chômeur, enseignant. Auteur de Souffles (Carnets du dessert de lune, 2006), il a obtenu le prix Poésimage en 1995 pour Lettres mortes et Le prix CoPo 2014 pour l’Éponge des mots (Carnets du dessert de lune, 2012). Blog : ressacs.hautetfort.com.