Est-il possible, en Wallonie, de stopper la progression des suffrages en faveur de l’extrême droite? Peut-être. A condition d’en saisir la nature. Or, depuis douze ans, dans les heures et les jours qui suivent le scrutin, les commentaires des politiques passent résolument à côté de la signification de cette tendance électorale. La majorité des dirigeants des autres formations se montrent ainsi incapables de sortir du registre moralisateur pour s’interroger sur le sens de ce vote manifestement protestataire.
Depuis le début des années nonante, le Front national s’est trouvé une nouvelle source électorale et ces nouveaux électeurs en croissance ne sont pas des fascistes qui s’ignorent. Leur choix se fonde sur un ressentiment dérivé vers l’extrême pour ne pas avoir trouvé dans le paysage politique d’autre expression à même de manifester leur ressentiment.
Ce détournement des suffrages au profit de la droite extrême est dicté par un motif majeur : le déni, par les politiques, d’un ressentiment nourri par la dégradation des conditions matérielles d’existence de ce volant de population. Né d’un tel constat, ce livre tente de montrer que la montée de l’extrême droite n’est pas la fatalité de notre époque.