Réalités psychiques, les personnages des romans vivent en nous avec plus ou moins d’intensité. À quelques-uns, nous réservons un accueil si particulier que nous aimerions nous introduire dans leur vie et leur univers. C’est bien ce que fait ici l’auteur en donnant vie à quelques figures, en majorité féminines, avec lesquelles il a noué des relations de vive affection. Ce qui l’autorise à leur conférer une autonomie particulière, allant jusqu’à infléchir, au gré d’une interprétation des œuvres correspondantes, leurs destins. C’est pour lui façon de rendre justice à des personnages que leurs créateurs ont injustement traités, depuis la Valérie Marneffe de Balzac jusqu’à la Marie de Jean-Philippe Toussaint. C’est aussi une manière d’inviter chaque lecteur à aborder les fictions dans lesquelles ils se plongent comme si elles n’étaient pas entièrement achevées.
Professeur de l’université de Liège, Jacques Dubois est spécialiste du roman français des XIXe et XXe siècles et se réclame de la critique-fiction. Il est notamment l’auteur de Le Roman policier ou la modernité (Armand Colin, 1996), Pour Albertine. Proust et le sens du social (Seuil, 1997), Les Romanciers du réel (Points Seuil, 2000), Stendhal. Une sociologie romanesque (La Découverte, 2007). Il a édité avec Benoît Denis trois volumes de romans de Simenon dans la bibliothèque de la Pléiade. En collaboration avec Nancy Delhalle et Jean-Marie Klinkenberg, il a dirigé l’ouvrage collectif Le Tournant des années 1970. Liège en effervescence (Les Impressions Nouvelles, 2010).