Fin Mot est le troisième et dernier tome du cycle Les Maîtres Mots, où Jean-Christophe Cambier revient de manière très personnelle sur deux genres établis : l’autobiographie, l’essai littéraire sur les mystères de l’écriture. Dans un langage rigoureux, qui explore jusqu’au vertige les moindres confins de la prose d’art, l’auteur nous fait participer à une nouvelle expérience du langage. À l’instar de la poésie selon Paul Valéry, hésitation prolongée entre le son et le sens, le récit de Cambier parachève la coïncidence d’une langue à la beauté classique et d’une perturbation de nos repères traditionnels. Fin mot croise moments de sidération et plages d’élucidation. L’équilibre incertain de ces pages n’est cependant pas un piège tendu au lecteur, mais le miroir qu’on tend à une nouvelle fascination née du geste d’écrire.

« Fin Mot donnerait à la fois le chiffre ou la figure d’une adresse, la lettre d’un titre ou le titre d’un surtitre (Les maîtres mots), le signe d’un thème comme les mots de ce mot même.

En fantômes impalpables de manifeste artistique, les idées fixes disent l’abnégation, la créance à part ou le malentendu d’une vie irréelle, rêvée, qui semble mener à l’extase idéale de sentiments uniques.

Tel un quotient d’espace-temps hors l’atmosphère close du roman, le récit dérive dans la transparence du souvenir à l’infini du présent – comme d’une question d’essence ou d’existence. C’est un jeu de plaisirs abstraits, vrai semblant aux projections fantasques, au spleen intolérable, où les mots rituels ont un attrait particulier en qualité d’impression ou de nuances.

Des sacrifices exagérés aux formes sans paresse, des allusions sans appui à la poétique authentique, je guette les lignes et les figures invisibles dans l’écrit, l’aréopage rutilant, le tribunal imaginaire dans la jurisprudence de l’interprétation.

À la rareté de l’évidence dans ce verbe affecté, les mots sont bien ici menacés de mort par l’organisme inconscient ou non de l’idée. »