Il est aisé d’avoir du penchant pour l’Italie, et tentant d’aller traîner chez elle son
« espoir de bellezza ». L’Italie, il est vrai, peut combler cet espoir assez vite, et sans trop se fatiguer. Le penchant, du reste fort honorable, pourrait se dire : « aimer bien » l’Italie, tournure dans laquelle l’adverbe « bien », paradoxalement, atténue la force du verbe. Mais « aimer » l’Italie, l’aimer tout court et tout entière, l’aimer en dépit de tout et d’elle-même, c’est une autre affaire. Aimer l’Italie avec constance, l’aimer malgré la déception toujours possible, malgré ses dérobades et ses faux-semblants, avec la nécessité de refaire toujours sa connaissance, avec l’appétit renouvelé de la retrouvaille et la douleur renouvelée du départ, voilà une expérience plus rare. C’est une telle expérience que nous livrent les carnets de Jean-Louis Jacquier-Roux.

Pierre Présumey, extrait de la préface