Ce copieux recueil est sans doute une subtile ethnographie du désir, par le biais de la poésie – qui décale, surgit, intensifie, relate, pointe, émerge, attise.
Il est sans doute aussi ardu d’oser parler de ce désir qui s’injecte dans chacune de ces pages, entre salive, fange, ombres, nuits intenses, infortunes, « échos d’un ailleurs », et pourtant, le poète le fait, exposant, s’exposant, nu, avide, cherchant à égrener « cette douce violence de nos membres éraillés ».
Dans toutes les routes du monde, entre Bruxelles, Gandhara, Le Caire, Jérusalem, les invites de regards, de frissons, égarent notre poète, toujours à l’affût des beautés, quand le feu des désirs sommeille, rejaillit et que « des garçons sauvages écument les rues ».
— Philippe Leuckx

Extrait

Je te retrouve au cœur des saisons de ciment
À califourchon sur un muret d’école
Tu me prends la main

Nous plongeons

À travers les cataractes lyophilisées de poudres multicolores
Dans les marécages où s’ébattent les hommes
À Manhattan
À Gandhara

La distance parcourue importe peu
L’apnée excise les sens