« Heureux ceux qui sèment et ne récoltent pas » : c’est par ce vers antilogique en apparence que s’ouvre le dernier poème, publié en hébreu, d’Avraham Sonne – un prodige qui ne voulait pas devenir célèbre.
Fascinés par le personnage, le prix Nobel de littérature Elias Canetti et la pionnière de la poésie hébraïque Leah Goldberg ont relaté leurs tête-à-tête avec cet esprit exceptionnellement vaste et profond : Canetti dans la Vienne d’avant le nazisme, alors capitale de la culture européenne, et Leah Goldberg ensuite, à Jérusalem et à Tel-Aviv avant et après la création de l’État d’Israël.
Leurs récits accouplés ici (dont « Rencontre avec un poète » de Goldberg traduit pour la première fois en français) se lisent telle une œuvre de fiction tant la tension y est forte et y vibre la passion. Plus que jamais, alors que des poèmes en tout genre prolifèrent tant sur la toile que sur le papier, faire connaître ces deux témoignages et la figure emblématique du poète absolu qu’ils évoquent nous a semblé important.