• Auteur(s): Marc Pirlet
  • Éditeur: Murmure des soirs / Soirs en poche
  • Genre: Récit
  • Format: 11 x 16.5 cm
  • Nombre de pages: 188 pages
  • ISBN: 978-2-930657-23-3
  • Parution: 2014
  • Prix: 10 €
  • Disponibilité: Disponible
  • Distribution: Dod&Cie

« Vous raconteriez ça à quelqu’un, il ne vous croirait pas. Pourtant je l’ai vu de mes yeux. J’y pense encore souvent mais je n’en parle à personne. À qui le raconter ? »

Fille d’émigrés polonais, Bruna passa son enfance dans le nord de la France puis à Seraing où son père était mineur. En 1941, alors qu’elle venait d’avoir seize ans, elle fut arrêtée par la Gestapo et envoyée comme travailleuse forcée en Allemagne. Prise dans un engrenage infernal, elle est ensuite transférée dans le camp de concentration de Ravensbrück avant d’échouer dans celui, plus terrifiant encore, de Bergen-Belsen. Ce livre raconte son histoire, depuis sa naissance en Pologne jusqu’au miracle de sa libération en avril 1945 et son retour à Seraing. Document littéraire exceptionnel composé à partir du témoignage d’une rescapée de l’horreur nazie, il constitue une extraordinaire leçon de volonté et de courage.

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Extrait

Le camp était immense. Une multitude de baraquements — des « Blocks » — abritant des milliers de détenues, uniquement des femmes. Ce n’était pas un camp, c’était carrément une ville, bâtie sur un sol recouvert d’un gravier noirâtre constitué de scories de charbon. Une ville cosmopolite où l’on parlait toutes les langues d’Europe. Une ville régentée par la terreur, où l’assassinat relevait de la routine. Une ville sans bébés : quand une femme arrivait enceinte au camp, on l’avortait, quel que soit l’âge du fœtus, ou bien on laissait naître l’enfant mais il n’avait pas le droit de vivre, on le noyait dans un seau ou, comme les mères, sous-alimentées, étaient incapables de leur fournir assez de lait, on les laissait mourir de faim.
On était dans un monde à part, brutal, imprévisible, irréel, où régnaient partout la violence, la peur, la faim. Il s’y passait des choses qu’on ne voyait pas ailleurs, qu’on n’avait même jamais vues nulle part. Celles qui vivaient là n’étaient plus des êtres humains, la stratégie des SS étant précisément de détruire l’humain dans l’être. Elles n’étaient pas vraiment non plus des animaux car, les animaux, pour qu’ils puissent être utiles au travail des hommes, on les traite avec un minimum d’égards, on ne les affaiblit pas, on ne les affame pas, on ne les détruit pas.